i need to stop my excuses and have a real conversation



Quand j'étais môme, j'adorais faire des listes. J'en faisais vraiment pour tout et n'importe quoi. Mes premiers écrits, je les foutais sur mes jouets. J'avais une plaquette en bois, une espèce de jeux de dames un peu précaire. Au dos, j'y avais inscrit le nom de mes meilleurs potes de l'époque. C'était ma façon de m'entrainer à former des lettres. Peu à peu, j'ai pris le pli d'écrire tout ce qui me passait par la tête un peu partout, surtout sur les murs, que je recouvrais avec des posters de chanteurs de seconde zone pour pas que ma mère le découvre (elle le découvrait toujours). Je pense à ça parce que j'ai retrouvé chez mes parents mon premier carnet, ou plutôt un conglomérat de feuilles volantes reprenant le fil de mon esprit, à travers les âges. Des listes à n'en plus finir: ce que j'aimais, ce que je détestais. Des fantaisies de petite fille, à quoi devait ressembler mon prince charmant (spoiler alert, c'était même pas la Bête mais le prince Philippe, de la Belle au bois dormant - pas le mari de la reine d'Angleterre, sage mais téméraire, super bon danseur mais ayant des difficultés avec le concept de consentement et un peu manipulateur sur les bords).

C'était ma feuille de route, claire et précise. Chemin flêché qui putait la licorne et l'arc-en-ciel. J'avais vraiment ça en moi, la promesse du lendemain. J'y croyais en technicolor, béton armé, comme une pute attendant son Edward Lewis. Je sais pas pourquoi je tenais tant à fignoler ce monde intérieur, dans ses moindres recoins. Malgré les difficultés, je restais une enfant désespérément joviale, à sourire comme si je chiais des hirondelles. L'adulte que je voulais être, jusqu'au choix des pompes. Mes métiers rêvés, tout y passait (médecin la semaine et créatrice de mode le week end, travailler aussi peut-être à la Nasa, mais seulement si le temps me le permettait). Je plannifais tout mon être, dans ce qu'il y avait de plus absurde et de plus impossible, mais avec un certain panache et une vérité d'une naiveté confondante. J'étais pas conne, j'étais juste rongée par la vie qui me semblait délivrer un truc qui aurait pu ne pas être trop dégueulasse.

J'ai pris ces feuilles à Paris, et je les garde aujourd'hui précieusement, comme un trésor. Peut-être parce que j'aime vraiment beaucoup la gamine que j'étais, j'aime beaucoup l'image qu'elle renvoyait. Pipelette, gonflée d'espoir et de fun. On dit souvent qu'on a besoin de soigner son enfant intérieur, mais je crois que c'est mon enfant intérieur qui a surtout la mission de soigner l'adulte bordélique que je suis devenue. 

Ca me fait penser à cette chanson de Maisie Peters: i need to stop my excuses and have a real conversation. Je sais pas vraiment à quel moment j'ai décidé qu'il était plus facile de fuir. Pourquoi j'ai pris cette décision. C'est pas tellement une histoire d'instropection (même si ça en prend des airs) mais plus une manière pour moi de récupérer un peu de contrôle sur ce que j'avais laissé échapper. Vous savez, avoir à nouveau prise sur les événements. Ca me rappelle ce que disait un de mes exs: "tu choisis pas, tu choisis jamais, rien, t'attends qu'on te choisisse, t'attends qu'on choisisse pour toi". Dans ces moments, ça me foutait une rogne pas possible. Parce qu'il avait raison et bordel, qu'est-ce que je le détestais quand il me sortait ses discours à la con qui tapaient dans le mille. Pourquoi j'ai fait le choix de ne plus choisir. Pourquoi je me suis mise à fuir. Y avait pourtant cette gamine qui n'avait pas peur de balancer la convo et de s'y présenter. Je comprends pas ce qui a pu se passer, pourquoi je me suis enfermée dans cette trouille irrationnelle. Peut-être parce que mon enfant intérieur mettait la barre toujours plus haute et qu'à un moment, j'ai préféré me terrer dans un trou plutôt que de faire face à moi-même: j'ai été trahie par celle en qui j'avais le plus confiance. Quand on dit qu'on est toujours son pire ennemi.

Peut-être que je devrais commencer à faire une liste de toutes les choses que j'ai raté pour essayer de voir ce qui est réparable. 

Parce que je pense qu'il y a des choses réparable
s. Ca fera pas du tout, mais faut bien se refoutre sur le marché quelque part.

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