J'ai toujours eu un truc avec Peyton de One Tree Hill. Je n'aimais pas particulièrement la série, mais je la trouvais absolument flamboyante. Quand j'y pense, ça me rendait ouf que le meilleur perso des années 2000 était foutu dans un tel merdier (j'ai rarement vu des intrigues aussi pétées, disons nous les choses). Malgré ça, les scénaristes n'ont putain de rien lâché à son sujet. En vrac, 1. elle a monté une salle de concert, 2.elle a lancé un label, 3.elle a produit une compile de punk. Mais c'est comme si tout le monde s'en foutait, comme si fallait que l'adolescence se joue uniquement dans le superficiel. C'était un peu comme Jen Lindley, de Dawson's Creek: bad girl new yorkaise en petites derbys, alcolique notoire et cheerleader à ses temps perdus. Vraiment, après ça, j'en avais strictement plus rien à foutre de Joey Potter. J'y peux rien, déjà à l'époque j'aimais les poupées cassées qui sortaient du cadre.
Il y a toujours eu quelque chose de très rassurant, chez ces protagonnistes là. Elles n'avaient clairement rien de parfait, rien qui semblait suivre un chemin. Elles me procuraient un véritable sentiment de liberté. C'est con à dire, mais elles étaient un peu mes Courtney Love de la télévision. On se forge avec ce qu'on nous donne à voir et les mauvais exemples sont toujours ceux qui résonnent le plus fort. J'invente pas les règles, je suis un pur produit des années 90.
Je pensais un peu à ça en rangeant des vieilles vhs qui trainaient. Je regardais les films, les séries que j'avais enregistrés. C'est drôle le soin que j'apportais à ces choix. Comment, dès le démarrage, je me suis créée ce petit panthéon qui n'appartenait qu'à moi. Je me souviens que ça inquiétait mon père, à l'époque. La gueule, sévère, qu'il tirait. L'incompréhension, souvent. Avec du recul, je réalise qu'on ne s'est jamais vraiment compris. Nous n'étions pas les mêmes, sur tellement de plans. Nous étions là, à évoluer chacun de notre côté, sans nous apporter quoi que ce soit. On me demande souvent pourquoi avoir une famille m'intéresse aussi peu. Je ne sais pas ce que c'est, ce que ça apporte. Peut-être que c'est l'un des apprentissages que l'univers avait prévu de me foutre dans les rotules mais manque de bol j'en ai rien à foutre des grandes leçons de l'existence. A part le syndicalisme et l'eczema, je crois que mon père ne m'a rien transmis, ne m'a rien appris. Si, je suis injuste. Il m'a transmis une profonde détestation de lui. Je l'admets, maintenant, sans plus aucune difficulté. Je le déteste de n'avoir jamais été à la hauteur et de m'avoir refilé ça, à son tour. Je le déteste donc de ne m'avoir rien transmis, de n'avoir rien appris, si ce n'est son échec, que je me traine aujourd'hui comme un boulet. Une bataille de chaque instant, comme marquée au fer rouge. M'extirper de ça, de ce sentiment qui est là, mais que je ne saisis pas, qui ne m'appartient pas. Je comprends mieux l'expression "tuer le père". Je crois que j'y suis arrivée, à ce sale moment.
J'ai beaucoup écrit à son sujet depuis quelques temps, pour tout jeter, sur un coup de tête. Comme si je n'arrivais toujours pas à passer outre. Comme si je m'étais rendue compte que ça allait me poursuivre, jusqu'à la fin. Il ne m'a rien transmis. Mais la colère, la colère que je ressens pour lui, elle est toujours présente. L'incapacité de la parole, du pardon. J'ai besoin d'hurler pour pardonner. Je n'ai plus cette possibilité.
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