a friend with weed is better


Le goût amer du chocolat noir, presque brûlé, qui fond lentement sur la langue. Ce n’est pas la douceur que je cherchais, mais c’est celle que j’ai trouvée. Brian Molko susurre dans mes oreilles, A friend in need’s a friend indeed, et je me demande si c’est vrai.

La maison était vide, mais pleine d’histoires qui m’échappent. Les murs semblaient me regarder, presque insolents, comme pour dire : Alors, tu la veux, cette vie là ? L'agent immobilier me demande si le chat qui nous a suivi dans la baraque est un familier du lieu. Je lui réponds que je n'en sais rien, j'avais pas foutu les pieds ici depuis plus de cinq ans. Il commence à m'énumérer les travaux à réaliser mais je n'arrive pas à défaire de mon esprit mon père que sa conne de mère enfermait dans la cave quand il était môme. Il y a longtemps, une voisine qui l'avait bien connu, se rappelle avoir du forcer la porte d'entrée avec son mari, tellement ses hurlements résonnaient dans tout le voisinnage. Il était seul. Je crois que c'est à ce moment qu'il est parti vivre chez son grand-père et sa nouvelle épouse. Il en a toujours gardé un souvenir à la fois heureux et douloureux.

J'ai pris le chat dans mes bras, il semblait satisfait de mon geste. A ce moment, je réalise que j'avais besoin de ça. Je me demande s'il ne l'avait pas senti, quelque part. Une ombre, un gardien ou un espion, je ne sais pas. Ses ronronnements faisaient vibrer l’air, et moi, je respirais plus lentement.

Il y a des jours où je sens que je vais m'écrouler sous le poids de cette mémoire familiale comme un manteau trempé qu’on m’aurait jeté sur les épaules sans me demander mon avis. Pourquoi cette histoire que je n’ai pas choisie, je dois me la bouffer? Peut-être que c’est pour ça que je fuis autant vers cette immaturité confortable dès que j'en ai l'occasion, comme un enfant qui refuse de grandir. Mais au fond, je sais. Je sais que le rôle que je dois jouer, c’est celui d’un refuge. C’est chez moi qu’on vient, qu’on se pose, qu’on s’effondre. Moi, je voudrais juste parfois qu’il y ait un endroit pour moi, un lieu où je pourrais déposer tout ça, juste un moment. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche. Alors je deviens un personnage de Jonah Hill, les genoux écorchés et le skate bancal. Etre juste un gamin, avec ses erreurs brutes, ses rêves en VHS. La poussière des cassettes s’accumule sur mes souvenirs, et je me dis qu’un jour, tout ça disparaîtra, avalé par une sorte de néant nostalgique.

Le chocolat est fini, le chat est parti. Et moi, je reste là, entre un morceau de Placebo et une maison qui va bientôt être mienne.

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