On ne fait plus de mannequins comme Susan Eldridge.
J'ai encore regardé Sid and Nancy. Pourquoi ? Peut-être parce que leurs cris défoncent mes doutes, écrasent les regrets comme des tessons de bouteille sous Doc Martens.
37 ans. L'âge où tes rêves ne volent plus, ils rampent. Le punk crève. La rage s'étouffe dans des routines bien propres, et pourtant, cette énergie brute, cette odeur d’essence et de cendres, je la respire encore. Pas pour ce qu’elle promet, mais pour ce qu’elle cache : une terreur sourde, une solitude qui gueule sous le cuir.
Sid Vicious qui se détruit, c’est moi qui écoute mes propres fissures. La liberté au bord de l’éclatement. Une fascination malsaine pour la chute, un vertige qui m’attire et me terrifie. Alors je me planque derrière un thé vert bio, Vivienne Westwood imprimée sur un mug ébréché.
Et Nancy. Nancy Spungen. Pas une muse. Pas une putain de victime. Une bête féroce qui griffe le monde pour qu’on la voie, pour qu’on l’aime. Ici, dans mon appart du 15e, je me demande combien de fois j’ai mordu ma langue, étouffé mes propres hurlements pour paraître à peu près sortable.
La fin du film. Ce silence. Pas une clôture, pas de rédemption. Juste le vide, l’absurde qui t’attrape à la gorge. Peut-être que c’est ça, le punk : rire face au gouffre, cracher sur l’angoisse. Peut-être que Sid et Nancy ont encore des leçons à me filer. Pas dans leurs échecs. Dans leur désir à vif d’être eux-mêmes, à s’en briser les os.
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