En prenant de l'âge (et du plomb dans la cervelle), j'ai appris à délaisser les mauvaises choses. D'une manière générale, j'accepte la trahison et être trompée sur la marchandise. Ce monde n'est qu'un théâtre de merde, après tout, et on en fait toutes et tous partis. Je ne suis pas naïve et certainement pas du genre à me voiler la face, on ne peut jamais totalement tirer un trait sur ses penchants quelque peu discutables et par extention, ses problematic fav (et ça, définitivement pour les raisons qui nous regardent). Ma toxicité, celle qui croupit bien dans mes entrailles, ce sont les films de Vincent Gallo. Plus j'en apprends sur lui et plus il m'évoque un sale goût de pourri dans la bouche. Mais Buffalo 66 aura toujours cette aura qui m'a amenée à aimer un cinéma différent et moins évident. Comme une espèce de passage initiatique. J'ai mis du temps à l'admettre, mais les sales personnes nous sont tout autant nécessaires que les meilleures. Elles participent à notre construction, puis deviennent une part de nous-même, qu'on doit apprendre à dompter, avec le temps. Je n'ai jamais eu l'idée de partir en guerre contre moi-même, surtout parce que ça me parait une entreprise assez vaine. Je suis un peu comme mon clebard de 19 ans: j'en suis arrivée à un stade où il est clairement difficile de me changer. J'ai été éduquée par le prisme d'un regard masculin aussi dégueulasse qu'inutile mais sans ça, est-ce que j'aurais été cette même femme jouant avec les mots crasses? Aurais-je été cette même femme à l'amour pour la pellicule crâmée? Ne gardez que ce qui vous parle et le transcendez-le pour en faire quelque chose qui ne donne pas envie de vous flinguer devant le miroir. Après, elles ont été là aussi, les Acker et autres Despentes, mais sur le tard, périphériques. De toute façon, ça n'est pas vraiment la même, ça se joue sur une autre tessiture. Mais ces connards, je les fais encore graviter, pas comme un ex dont on a du mal à se détacher, mais pour statuer sur la ligne à ne pas franchir, la critique sous la main. Garder un oeil sur ce qui ne doit plus être, contrepoids. Ils ont été là, pour le pire. Oui, j'ai mis du temps à le comprendre. Ca ne sert à rien de les éviter, ils viendront toujours pour nous rattraper.
En attendant, je regarde des photos de Kate Moss. Je l'apprécie beaucoup plus depuis qu'elle s'est mise à parler. Sa voix mi nasillarde mi rocailleuse. J'ai la même au réveil et ça m'attriste de ne pas la conserver le restant de la journée. Ca me rassure un peu, aussi, de voir qu'elle n'est pas qu'une simple image. Même si c'est pour nous parler de la recette de son poulet rôti et de ses trois pauvres patates ou faire des sorties à la con du style Nothing tastes as good as skinny feels. Je vous le dis, on ne peut pas torturer comme on veut sa part d'ombre.
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