ugly since birth



Dès que je regarde Sydney Sweeney, ça va beaucoup mieux. C'est Jane qui a trouvé le mot la définissant parfaitement: elle est FRAICHE. Je sais pas, sa passion pour les vieilles bagnoles à retaper me ravit. Y en a certains qui l'accusent de vouloir s'attirer le regard masculin en causant voitures, histoire de boucler la boucle avec ses nibards et ça m'interroge un peu. Ca m'interroge un peu parce que la critique vient surtout de la part de notre camp. Au final, qu'un mec nous range dans n'importe quelle case fantasiste, c'est notre lot quotidien, mais qu'on s'y mette aussi... Est-ce qu'une femme belle à gros nibards est condamnée à faire ce qu'on attend d'elle, à savoir n'être qu'une femme belle à gros nibards? Est-ce qu'elle peut vraiment échapper à ça, à son destin de beau cul? Je jette un pavé dans la mare (et rien à foutre si c'est pas structuré, c'est mon ressenti, j'ai pas prévu d'écrire une thèse sur le sujet): est-ce que le beauty privilege ne serait pas encore une manière déguisée de faire passer en loucedé notre misogynie internalisée? Si on prend pas cette autoroute là, et je l'espère absolument, c'est ok, sinon, j'ai pas envie d'adhérer à ça, même si je comprends bien évidemment le fond du problème. Parce que dans l'histoire, en fait, c'est plus le périphérique qui me gène. Ce que ça implique, indirectement: ne réduire la femme qu'à ça. Qu'à son image. Et ses nibards. C'est que j'ai pas envie de jouer sur le même terrain que l'adversaire. Mais parfois, j'ai l'impression qu'on se laisse entrainer là-dedans. Et sans s'en rendre compte, on leur donne un peu de munitions. 

Moi, j'aime bien voir des personnages différents, en fait, des personnages qui sortent du rang. Des figures qui embrassent un imaginaire dissonant. Des nanas qui se grattent la chatte. Des belles gosses qui rotent après un plat de tripes. Des feignasses qui ont pas envie de se laver du week end parce que de toute façon elles sortiront pas du week end. Les hommes n'ont pas le monopole du lâché de caisse. On se met vraiment trop d'interdits. Ca me fatigue. Parfois, j'ai juste envie d'être une pub mcdo ambulante, et de sussurer à l'oreille de mes potes "venez comme vous êtes". Cet aspect là, je le trouve vachement important et on le néglige. Je sais pas vraiment comment l'expliquer, peut-être parce que c'est quelque chose qui me marque. J'ai envie de laisser personne sur la touche. 

Souvent, je me demande ce que ça fait d'être belle, ce que ça doit impliquer. Et honnêtement, ça me fait pas rêver. J'apprécie l'esthétisme, mais je fantasme pas le quotidien. Le privilége d'être réduite à ce qu'on voit de vous, version papier glacée. C'est con, je sais. C'est un peu le principe "l'argent ne fait pas le bonheur". Quand ça touche au féminisme, quand ça touche à notre objectivation constante. Je suis pas sûre du chemin. Est-ce que j'ai vraiment envie qu'on joue à ce jeu? D'être rangée dans de nouvelles cases? Belle? Pas belle? Baisable? Pas baisable? Digne d'intérêt? Pas digne d'intérêt? Pas de notre part. On mérite mieux que ça. On se doit au moins ça.

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