the mars club


Je tue pour une girls night avec Jennifer Lawrence, Emma Stone et Adele. Emma Stone bourrée, j'ai pas vraiment d'idée du résultat. Mais bordel, assister à une conversation entre une Adele torchée et l'alter ego alcolisé de Lawrence, Gail, rien que d'y penser, j'ai des palpitations. Quand j'étais jeune, il m'arrivait de ne pas toucher une seule goutte juste pour avoir le plaisir d'interagir avec mes potes sur le fil du coma éthylique. C'est le moment où les personnalités sont le plus flamboyantes, ou plus terribles. C'est là où tu cernes, où tu vois. Ne buvez jamais devant moi, si vous avez des choses à cacher, vous aurez droit à une pyschanalyse des plus poussées.

Journée de Pâques plutôt réussi. J'ai fait une overdose de macarons et d'oeufs en chocolat. J'ai fini un puzzle et j'ai commencé à relire Le Mars Club de Rachel Kushner. Il y a de ces oeuvres qui vous suivent vraiment partout. D'une manière générale, j'aime beaucoup lire sur des thématiques aussi difficiles que l'univers carcéral, d'autant plus quand il s'agit de femmes écrites par une femme. Pour celles et ceux qui ne visualisent pas, on y suit Romy, mère d'un enfant de 7 ans, qui s'est retrouvée en taule après avoir tué un de ses clients, dans une boîte de strip-tease. Le livre retrace comment cette femme, 29 balais et originaire de San Francisco, a pu se retrouver dans ce bourbier. Elle y dépeint son adolescence dans les années 80, décénnie d'espoirs pétées pour paumés à la recherche du rêve américain qui les a laissé sur le carreau, et surtout, son enfermement, autant physique que mental. Sous la plume de Kushner, Romy résume ce drame qui se dessine en filigrane: "Le problème, avec San Francisco, c'est que je ne pourrais jamais y avoir un avenir, seulement un passé".

Ce livre là, c'est crade, c'est lumineux, c'est violent, c'est touchant. Il y a ce passage, qui me retournera toujours: "Le regret. Ils vous obligent à centrer votre vie sur un acte, l'acte que vous avez commis, et vous devez évoluer à partir de ce qu'il est impossible d'abolir : ils veulent que vous fassiez quelque chose à partir de rien. Ils finissent par vous pousser à les haïr, à vous haïr. Ils créent l'illusion qu'ils sont le monde et que vous l'avez trahi, que vous les avez trahis, mais le monde est tellement plus vaste. Le mensonge du regret et d'une vie qui s'écarte du bon chemin. Quel chemin. La vie, c'est le chemin". Ce n'est pas qu'une histoire de sens de la formule, c'est tout ce qui en découle. Se prendre un coup en l'espace de cinq mots. J'admire vraiment Romy, pour sa clairvoyance, son équilibre précaire. Je pourrais la citer au détour de chaque page. Pour sa force, sa faiblesse, de n'être qu'une femme, un être humain, qui a jugé faire ce qui devait être fait pour survivre.

Le Mars Club, pour moi, c'est plus qu'une simple oeuvre littéraire, c'est une sucession de leçons, pas toujours évidentes, qu'il faut mettre du temps à appréhender, à digérer. C'est une histoire d'acceptation, de lâcher prise. Pour le meilleur comme pour le pire.

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