i hate this feeling

 

Ca vous tombe toujours dessus sans crier gare. C'est une histoire assez pénible, généralement. Vous êtes tranquille chez vous, vous ne faites chier personne. Il est probable que vous vous soyez préparé un thé à la violette, un bouquin vous attend sagement sur le canapé. La soirée s'annonce calme, presque ennuyeuse. En gros, vous embrassez votre quotidien à la con sans sciller, en grande partie parce que vous portez un pyjama qui vous fout dans le mood et vous venez de vous enfiler des lasagnes chèvre épinard.

Et puis d'un coup, vous vous mettez à penser à lui. Ou à elle. C'est selon. Furtivement. Ca traverse votre esprit. Une image. Un geste banal. D'ailleurs, la personne en question est souvent banale. Au début. C'est bien là tout le noeud du problème. Ca ne s'anticipe pas. Ca ne s'envisage pas. Ca se prend en pleine gueule. Elle est là. Point barre. Vous n'avez plus qu'à faire avec.

Ca prend alors des allures de chasse. L'esprit est pris en étau, entre le désir irrépressible que ça s'arrête et celui d'en rajouter encore un peu. Tout vous rappelle à elle. Un lieu, un coca, n'importe quoi. Vous arrivez au point où vous ne savez même plus si vous écoutez cette chanson parce que vous l'aimez bien ou si, inconsciemment, vous la faites tourner en boucle car elle vous évoque cette personne (et que vous finissez par en avoir besoin à en crever).

Si je fais un rapide tour d'horizon des choses, je réalise que j'ai été pour la plupart du temps choisie, et rarement l'initiatrice du truc. Je n'ai jamais développé de véritable obsession pour ceux qui ont partagé ma vie, avant que ça se mette en place. Ils se sont contentés de débarquer et de poser les valises, parce que je voyais ça comme quelque chose de facile et que j'étais ok avec ce qu'ils apportaient (en règle générale pas grand-chose mais j'avais pas non plus des masses à offrir donc ça s'équilibrait proprement).

Mais le crush, c'est d'un autre ordre. Le crush, c'est ta passivité en jeu. Ton incapacité à sortir du cadre, pour les raisons qui te regardent. Si tu bouges pas, ça bougera pas. Et c'est sans doute la plus grande arnaque du siècle: plus t'es dans l'inaction, plus le truc te bouffe. Plus le truc te bouffe, plus tu prends peur. Plus tu prends peur, plus t'es dans l'inaction. Donc tu finis par écouter cette chanson pour la millième fois en fermant bien ta gueule parce qu'en plus, t'as plus 15 ans, et malgré la petite carrière que t'as derrière toi, bah c'est retour à la case départ. 

Le gouffre de la reflexion finit ainsi par t'emporter et tu t'étouffes avec ton souffle rien qu'en pensant à lui. D'ailleurs, tu ne penses plus qu'à lui, à un moment donné. Faut pas se mentir, c'est en plus assez chiant car t'as une lettre pour les impôts à rédiger et un quotidien à organiser (ça semblait beaucoup plus dramatique à gérer au collège quand tu devais réviser pour ton contrôle de math, avec du recul, c'est juste ridicule, pénible et ridicule, à n'importe quel âge). Mais quand même, ça, maintenant. Ressentir tout ce bordel, suranalyser absolument tout et n'importe quoi. J'ai plus le temps, j'ai plus la force, j'ai plus le courage d'aimer pour deux, comme quand on a 12 ans, un appareil dentaire et un rêve. J'ai même lu des articles sur le sujet pour savoir si ça tournait rond, si j'avais pas les prémices d'une maladie dégénérative ou un machin dans le genre.

Mais visiblement, sur l'échelle du temps, ça n'a rien d'anormal. Faudrait donc que je subisse. Alors me voilà, comme une débile, à éviter tout ce qui tourne autour de lui comme si le mec était une mine antipersonnel. Je ne dis rien. Absolument rien. Parce que je suis une adulte, et que les adultes sont censés être raisonnables. Connards de raisonnables. Et parce que comme je disais, ça tombe toujours dessus sans crier gare, et jamais vraiment au bon moment, pour boucler la boucle. on, je vais tenter de garder la tête haute, en espérant que ça passera. Peut-être que j'ai tort de me refuser ça mais après, je suis pas à une contradiction près. J'aime le secret de l'affaire. Peut-être que c'est aussi mon principal problème, ignorer ce que je veux vraiment, pour ensuite gueuler comme un putois que rien ne va. 

La vie était beaucoup plus simple quand j'étais le néant.

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