La rancune est un poison lent. Un truc qui colle aux os, qui fermente sous la peau. Ça s’infiltre dans les silences, ça grippe les gestes, ça plombe la poitrine.
On croit qu’on la maîtrise. Qu’on la dompte. Mensonge. Elle vit sa propre vie, insidieuse. On fait mine de l’oublier, on se persuade qu’on a tourné la page. Et puis un mot, un souvenir, une image, et elle revient. Fulgurante. Vicieuse. Le ventre qui se serre, les mâchoires qui crissent.
On voudrait l’éteindre, l’effacer. Mais la rancune, elle s’accroche. Elle se nourrit de tout, surtout du silence assourdissant. On la laisse trop longtemps et elle s’incruste, devient une part de soi. On s’y habitue. Et puis on finit par la confondre avec sa propre ombre.
Soit on la garde et on s’y abîme, soit on la crache. Pas question de pardonner, pas question d’excuser. Juste lâcher. Desserrer les poings, ouvrir la cage, foutre tout dehors. Laisser la rancune crever d’elle-même, faute de carburant.
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