i don't want your love i just wanna fight



Aujourd'hui j'avais posé mon vendredi après-midi, très bonne idée de ma part puisque ça m'a permis de profiter du beau temps et d'un bubble tea litchi cerise tout en écoutant le dernier Wet Leg. J'en ai profité aussi pour acheter un nouvau bouquin, Aliène, de Phoebe Hadjimarkos Clarke. C'est un peu mon rituel quand je vais chez ma mère, zoner à la maison de la presse. Dans les trous paumés, y a pas de librairie du style coussins en velours et bougies parfumées "Thé matcha et anxiété existentielle" (je parle pas du combo étagères qui grincent et libraire qui vous regarde avec méfiance quand vous touchez la couverture des livres). Non, il y a les maisons de la presse, où tu trouves absolument tout et n'importe quoi, et parfois, oui, des fulgurances. C’est là que je suis tombée sur "Aliène", de Phoebe Hadjimarkos Clarke. Le titre m’a intriguée – soit c’était un roman sur une extraterrestre déprimée, soit une autofiction sur quelqu’un qui se sent toujours un peu à côté de la plaque. Les deux me parlaient. Je l’ai donc acheté sans hésiter, comme on achète un paquet de chips en se disant "Bon, allez, une dernière folie". Pour info, ça ne parle ni d'une extraterrestre déprimée, ni d'une autofiction sur un loser. Ca parle d'un chien cloné (vous l'aviez pas vu venir, celle-là).

Je me suis installée dans un coffee shop – parce que c’est ce qu’on fait, maintenant, on ne lit plus dans son canapé comme des êtres humains normaux, non, il faut absolument payer 7€ un latte dans un endroit où la musique est trop forte et où les chaises sont conçues pour vous donner mal au dos après vingt minutes. J’ai ouvert le livre, lu les premières pages. C’était pas mal. Vraiment pas mal, même. 

Après un début de scoliose, j'en ai quand même tiré la conclusion que j'en avais un peu marre de zoner dans des coffee shops pour boire des latte de mes couilles et des thés blanc à la con. Parce qu'il faut le dire clairement, ça fait bander personne un cold brew infusé 48h en bouteille de verre soufflé à la main. Servez-moi du stupre et de la fureur, servez-moi un café cramé dans ce troquet tenu par Simone depuis 25 ans. D'ailleurs, le bordel s'appelerait Chez Simone et on y servirait des trucs de gens civilisés du style de la bière et des diabolos grenadine. Il y aurait un juke box qui cracherait du Tenue de soirée et Michel au pied bot au comptoir qui fredonnerait du Dalida (il a vraiment existé, un des héros de mon enfance) (j'allais pas chez Chez Simone, j'allais Chez Paulette mais vous comprenez l'idée). Chez Simone, il n'y aurait donc pas de concept, pas d'expérience client. Juste la vaisselle qui s'amoncelle dans l'arrière boutique et des chiottes à la turque.

Alors oui, aujourd’hui, j’ai bu un bubble tea. J’ai écouté du Wet Leg. J’ai acheté un livre cool. Mais demain ?

Demain, je vais chez Simone.

Je commanderai une bière. Ou un diabolo grenadine, pour le plaisir coupable. Je lirai mon bouquin sans me soucier de savoir si la déco est instagrammable. Et si quelqu’un me demande si je veux un "avocado toast avec graines de chia", je répondrai :

"Non. Donnez-moi des cacahuètes. Et fermez-la."

Parce que parfois, le progrès, c’est juste savoir revenir en arrière.

(Et sinon, le livre est vraiment bien.)

PS : Si jamais vous cherchez Simone, elle est en train de fumer une clope devant son café en maugréant contre 
"ces jeunes avec leurs téléphones". Respectez Simone. Simone, c’est l’avenir.

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