Je me suis assise avec Ego Death at a Bachelorette Party, et ça m’a pris un peu par surprise. Pas parce que je ne savais pas à quoi m’attendre, mais parce que c’est exactement le genre d’album qui refuse d’être attendu. Tout d’abord, la sortie: aucun tambour, aucune trompette. On pourrait presque l’avoir ratée, si on n’avait pas traîné sur le site de Good Dye Young. Alors d'accord, c'est le merch d'Hayley Williams pour les cheveux, mais ça sort tellement de nulle part que j'ai bien aimé la démarche. Se dire que si on veut que sa musique touche, faut qu'elle passe par des produits de beauté. Toute une symbolique. Un peu comme le jouet d'un Happy Meal dans les années 90.
Dès les premières notes de l'album, tu sens que tu es dans quelque chose de fragile et d’extrême à la fois. Les morceaux ne se suivent pas de manière linéaire, ils se glissent dans l’espace comme des fragments d’une mémoire en vrac. Ice in My OJ, Brotherly Hate, Mirtazapine… chaque titre est une petite bombe d’intimité déguisée en chaos. La voix de Hayley se tend, se plie, se déchire, et tu as l’impression qu’elle te raconte tout et rien à la fois.
Le titre du disque est dans l'idée. L’ego qui meurt à une enterrement de vie de jeune fille: c’est ironique, drôle, presque cruel, mais en même temps terriblement triste. C’est une mise à nu de soi qui ne se fait pas dans le lyrisme ou le grandiloquent, mais dans des moments minuscules, des détails qui t’atteignent sans prévenir. Chaque chanson est un miroir brisé que tu assembles toi-même.
Il y a quelque chose de radical dans ce geste: refuser de plaire. Pas dans le sens militant ou provocateur, mais dans un sens presque intime: elle ne te vend rien, elle ne te guide pas. Elle te tend juste ses fragments, et tu dois trouver comment les assembler. Et c’est exactement ça qui rend l’expérience précieuse.
C’est un album qui te rappelle que la musique peut être un espace de dérive, un terrain d’exploration. On se perd dans la voix, dans les textures, dans les mots, et on en ressort différent. Pas meilleur, pas pire, juste un peu plus conscient de ce que ça fait de se confronter à soi-même à travers l’art d’un autre.
Et je crois que c’est ce qui reste le plus fort: la sensation qu’on est invité à un rituel secret, où la fête se transforme en veillée introspective. On rit, on pleure, on se surprend à hocher la tête sur une phrase absurde ou à se figer sur un cri strident. Tout est fragile, tout est immédiat, tout est vrai.
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