hanging out in the fancy bars with the boys who can play guitar



Je ne sais pas être sérieuse. J'essaie, pourtant, de me la jouer adulte. J'aime ces moments où je vais chercher l'embrouille dans des administrations à la con, monter au créneau devant un petit chef qui se croit roi du pétrole. Ma mère dit que j'ai ce truc, à chaque fois que je franchis la porte de la baraque. Je suis comme ma grand-mère. Avant même que je l'ouvre, on m'entend déjà gueuler. J'aurais une espèce d'autorité naturelle à dire et à faire. Je pense pas vraiment que ce soit le cas mais j'aime bien l'idée. Souvent, je rappelle quand même que je suis une imposture, de ce côté là. Rien qu'hier encore, alors que je causais avec Jéhanne, j'ai réalisé que j'étais mon propre représentant légal et ça m'a foutu le vertige. Quel est l'abruti qui a eu cette idée de génie? Je sors mes grands discours et je me la raconte mais bordel, que quelqu'un me tienne la main. 

J'ai ce côté gamine auquel je tiens comme si c'était les codes de la bombe nucléaire. Quelque part, ça me rassure. Je me souviens de mon premier travail dans la communication. Ma responsable s'agaçait que je me comporte comme une teenager (ou plutôt, elle s'agaçait que je ne sois pas comme elle et que certains auteurs et autrices me préféraient à elle) mais je sais pas, j'ai l'impression que j'ai que ça, parfois. Cette espèce d'intégrité étrange que je refuse de dealer. C'est peut-être la faute de mon noeud nord en bélier. Authenticité immature. Mon chemin de vie, assumer ce qu'il y a de plus con en moi tout en arrachant des têtes avec les dents. 

Donc non, je ne sais pas être sérieuse. Je ne sais pas être autre chose que second degré. Voire troisième. Quatrième si vous êtes chanceux. Je me suis fait la réflexion entourée de mes collègues, dans mon tshirt Christina Aguilera époque Genie In a Bottle (j'aimais trop cette era) et mon paquet de gâteaux Dinosaurus. Je me demandais sincérement ce que je foutais là et en vérité, je pense qu'ils se le demandent aussi, en plus de terriblement les énerver. Ca me fait rire, parce que je me rappelle comment, à l'époque, je pouvais mal vivre de me retrouver en prépa à bosser sur des concours de merde type sciences po. Je crois que j'ai mis du temps, avant de dissiper ça. Ne pas me sentir à ma place, finaliment me coller nulle part, puis finir par ne plus coller à rien. Ouais, ça me pesait, avec du recul, je l'admets. Comme si mon individualité devenait, je ne sais pas, nocive pour ma personne en devenir. Prendre de la bouteille m'a finalement obligé à trouver cet équilibre précaire: marier les contraires, appuyer les contraductions, quitte à ce que ça fasse tâche. Ne correspondre à rien, tracer mon chemin. Marcher sur le bas côté, en zig zag, comme si j'étais à ça du coma éthylique. Je ne sais même plus être autrement, maintenant. Je crois que c'est pas plus mal. Ne pas être sérieuse. Dans ce que je suis, dans ce que je représente. Cultiver cette individualité comme une putain de plante toxique mais avec une gueule marrante. 

Au final, c'était ça ou devenir une connasse. 

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