J'ai rarement été aussi émue en écoutant un disque. On le sait qu'Halsey ne vit que pour conceptualiser ses albums, et au final, personne ne s'en est jamais plaint. Pour vous dire, If i can't have love, i want power est rentrée dans mon panthéon de références personnelles, que ce soit pour la musique ou le visuel. Elle a toujours eu ce truc d'allier histoire et image. Une sorte de live action, dans l'idée. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi elle ne crée pas ses propres opéra rock plutôt que de s'obstiner avec des concerts basiques. C'est con de se gâcher comme ça juste sur un point de détail.
The Great Impersonator, son nouvel album, donc, est un hommage aux grandes figures de la pop culture de ces 50 dernières années et on apprécie forcément l'idée (je me love dans la nostalgie comme on bouffe un plat de pâtes au gruyère un soir de décembre). On y retrouve Dolly Parton, Stevie Nicks, Fiona Apple, Dolores O'Riordan, Britney Spears ou encore Amy Lee. Chaque titre est construit pour évoquer ces artistes, les imiter (roulements de tambours, d'où le titre). Mais là où on s'attendait à un plagiat à la con, Halsey met en lumière un truc auquel on pense pas tant que ça: chaque artiste que l'on aime, on ne l'aime jamais véritablement pour son ensemble, mais plutôt pour une raison précise. Et ça fait toute la différence, si on veut vraiment comprendre ce qu'on écoute. Un truc dans lequel on se retrouve, que ce soit dans la douleur, une expérience banale, un soda favoris en commun. Ce disque rappelle, ue c'est certes l'influence qui nous construit, mais qu'il y a toujours une part d'affect, une part d'humain, dans l'admiration que nous portons à nos artistes choisis. Vous ne retrouverez pas un ersatz de titre d'Evanescence mais la douleur dans l'interprêtation d'Amy Lee. Vous ne retrouverez pas la pop crétine de Britney mais l'icône générationnelle, seule, confrontée à sa propre maladie et la pression du star system tandis que le spectacle doit continuer. Vous ne retrouverez pas Fiona Apple et la colère de sa voix mais Halsey qui y prend le contre pied pour mieux servir un texte d'une rare violence, émotionnellement parlant.
Halsey est crevée. Lessivée. Psychologiquement, physiquement. Et ça se ressent. J'aime ce disque parce qu'il m'évoque ma jeunesse, tout en étant terriblement personnel, avec beaucoup de pudeur et de retenu. Et quelque part, ça m'a beaucoup fait de peine de la voir s'en prendre plein la tronche. Mais c'est pas forcément étonnant. Une femme qui ouvre sa gueule, ça posera toujours problème.
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