
Quand le titre d'une de mes notes est en français, vous pouvez tout de suite vous dire que je suis soûlée.
Parce que je suis ENCORE tombée sur une vidéo qui démolit Sydney Sweeney. La raison?
Parce que je suis ENCORE tombée sur une vidéo qui démolit Sydney Sweeney. La raison?
Sydney Sweeney vend un savon qui sent l’eau de son bain.
Donc voilà, une partie de l’internet s’étouffe à nouveau d’indignation molle en y voyant un énième symptôme du male gaze incarné. On la soupçonne, on l’analyse, on la décrypte, comme si elle était un virus à contenir, une déviation féminine à corriger. Elle est blonde, ultra photogénique, un peu trop à l’aise avec son propre corps, et en plus elle sait manier une clé à molette sans se casser un ongle. Il n’en faut pas plus pour qu’on déclenche le procès habituel: trahison, collaboration, marchandisation du corps, appel d’air à destination des hommes.
(J'ai tellement roulé des yeux j'ai vu mon cervelet).
Le plus ironique dans tout ça, c’est que ce ne sont pas les hommes les plus virulents. Ce sont les femmes. Celles qui se revendiquent lucides, éveillées, conscientes, critiques. Je ne remets pas ça en cause. Mais la sévérité des jugements laisse un drôle de goût, comme si l’on ne supportait pas qu’une femme puisse plaire et s’en sortir avec. Comme si, au fond, la réussite d’une fille comme Sydney n’était acceptable que si elle venait avec un look un peu plus austère, une posture plus militante, un corps moins offert.
Pourtant, Sweeney n’a jamais prétendu être une théoricienne de genre. Elle bosse. Beaucoup. Elle l’a dit dans une interview: elle ne peut pas se permettre de ne pas travailler. Elle ne vient pas d’un clan hollywoodien, elle n’a pas de rente ni de maison de famille à Malibu. Elle tourne, elle produit, elle enchaîne les projets parce qu’elle n’a pas le choix. Ce qui passe, elle le prend. Y compris les campagnes marketing discutables, les rôles ambigus, les opérations commerciales qui font froncer les sourcils des militantes en ligne.
Et c’est là où le débat devient gênant. Parce qu’on feint d’oublier qu’Hollywood est encore entièrement structuré autour du regard masculin. Les opportunités qu’on offre aux actrices passent, majoritairement, par leur capacité à incarner ce que les producteurs croient que les spectateurs désirent. C’est nul, oui. Mais c’est réel. Et les femmes qui arrivent à s’en sortir naviguent dans cette logique-là, sans toujours avoir le luxe de la refuser.
Je comprends qu’on parle de beauty privilege. Vraiment. La beauté féminine, dans cette société, ça ouvre des portes. C’est indéniable. Mais on ne dit pas assez que ces portes ne donnent pas toujours sur des jardins luxuriants. Parfois, c’est un sas à pression. Tu gagnes un accès, oui, mais à quoi? À plus de surveillance. À des attentes contradictoires. À l’obligation de rester désirable mais accessible, magnétique mais pas arrogante, sexy mais “naturellement”. C’est une pièce sans lumière avec des miroirs déformants aux murs, où on te dit que tu as de la chance d’être là, pendant qu’on te démonte en silence. C’est ça, le deal implicite: si tu es belle, on te regarde. Et une fois qu’on te regarde, il ne faut surtout pas que tu te trompes. Parce que l’herbe qui semblait plus verte de loin est en réalité tondue au millimètre.
Ce que Sydney Sweeney fait de son image, c’est moins une glorification de la domination masculine qu’une tentative de rentabiliser l’espace minuscule qu’on lui laisse. Et parfois, oui, ça se traduit par une pub où elle sent bon la mousse. Est-ce que c’est révolutionnaire? Non. Est-ce que c’est condamnable? Franchement, non plus.
Je pense qu’il y a, derrière cette haine un peu moite, quelque chose de l’ordre de l’insécurité collective. Un inconfort qu’on ressent face à une femme jeune, jolie, douée, et qui a l’air de ne pas s’excuser d’exister. On peut toujours dire que c’est parce qu’elle flatte le patriarcat. Mais parfois, la critique féministe devient le masque élégant d’une jalousie moins noble. Je ne dis pas ça pour jeter la pierre: cette insécurité-là, on l’a presque toutes. On la digère mal, et on la retourne souvent contre celles qui, d’une manière ou d’une autre, incarnent ce que la société continue de valoriser.
Je pense qu'il va falloir, à un moment, ne plus oublier que le corps de Sydney, elle le porte, elle l’expose, elle le mouille, elle le brûle, elle le travaille jusqu’à l’os dans des rôles ultra durs.
Moi, je répare pas des bagnoles. Je tire au pistolet, je lance des haches et des couteaux. Je suis capable de faire peur à un homme si je vise juste. Et pourtant, je n’ai jamais vu qui que ce soit me sexualiser pour ça. Ca n'a rien d'érotique. Ca n'a rien de désirable. Ca ne fera pas vendre un calendrier (sauf si vous avez le kink qu'on vous coupe la carotide). C’est trop concret, trop réel, trop hors script. Sydney, elle, maîtrise les codes. Elle les manipule, peut-être pas toujours consciemment, mais assez pour survivre. Et il se pourrait bien que cette lucidité-là dérange plus que ses photos en short taille basse.
Le problème n’est pas elle. C’est le cadre. Et le cadre, on ne le fissure pas en jetant les filles à la télé dans l’arène. On le fissure quand on arrête de croire qu’une femme doit forcément symboliser quelque chose pour avoir le droit d’exister publiquement.
(J'ai tellement roulé des yeux j'ai vu mon cervelet).
Le plus ironique dans tout ça, c’est que ce ne sont pas les hommes les plus virulents. Ce sont les femmes. Celles qui se revendiquent lucides, éveillées, conscientes, critiques. Je ne remets pas ça en cause. Mais la sévérité des jugements laisse un drôle de goût, comme si l’on ne supportait pas qu’une femme puisse plaire et s’en sortir avec. Comme si, au fond, la réussite d’une fille comme Sydney n’était acceptable que si elle venait avec un look un peu plus austère, une posture plus militante, un corps moins offert.
Pourtant, Sweeney n’a jamais prétendu être une théoricienne de genre. Elle bosse. Beaucoup. Elle l’a dit dans une interview: elle ne peut pas se permettre de ne pas travailler. Elle ne vient pas d’un clan hollywoodien, elle n’a pas de rente ni de maison de famille à Malibu. Elle tourne, elle produit, elle enchaîne les projets parce qu’elle n’a pas le choix. Ce qui passe, elle le prend. Y compris les campagnes marketing discutables, les rôles ambigus, les opérations commerciales qui font froncer les sourcils des militantes en ligne.
Et c’est là où le débat devient gênant. Parce qu’on feint d’oublier qu’Hollywood est encore entièrement structuré autour du regard masculin. Les opportunités qu’on offre aux actrices passent, majoritairement, par leur capacité à incarner ce que les producteurs croient que les spectateurs désirent. C’est nul, oui. Mais c’est réel. Et les femmes qui arrivent à s’en sortir naviguent dans cette logique-là, sans toujours avoir le luxe de la refuser.
Je comprends qu’on parle de beauty privilege. Vraiment. La beauté féminine, dans cette société, ça ouvre des portes. C’est indéniable. Mais on ne dit pas assez que ces portes ne donnent pas toujours sur des jardins luxuriants. Parfois, c’est un sas à pression. Tu gagnes un accès, oui, mais à quoi? À plus de surveillance. À des attentes contradictoires. À l’obligation de rester désirable mais accessible, magnétique mais pas arrogante, sexy mais “naturellement”. C’est une pièce sans lumière avec des miroirs déformants aux murs, où on te dit que tu as de la chance d’être là, pendant qu’on te démonte en silence. C’est ça, le deal implicite: si tu es belle, on te regarde. Et une fois qu’on te regarde, il ne faut surtout pas que tu te trompes. Parce que l’herbe qui semblait plus verte de loin est en réalité tondue au millimètre.
Ce que Sydney Sweeney fait de son image, c’est moins une glorification de la domination masculine qu’une tentative de rentabiliser l’espace minuscule qu’on lui laisse. Et parfois, oui, ça se traduit par une pub où elle sent bon la mousse. Est-ce que c’est révolutionnaire? Non. Est-ce que c’est condamnable? Franchement, non plus.
Je pense qu’il y a, derrière cette haine un peu moite, quelque chose de l’ordre de l’insécurité collective. Un inconfort qu’on ressent face à une femme jeune, jolie, douée, et qui a l’air de ne pas s’excuser d’exister. On peut toujours dire que c’est parce qu’elle flatte le patriarcat. Mais parfois, la critique féministe devient le masque élégant d’une jalousie moins noble. Je ne dis pas ça pour jeter la pierre: cette insécurité-là, on l’a presque toutes. On la digère mal, et on la retourne souvent contre celles qui, d’une manière ou d’une autre, incarnent ce que la société continue de valoriser.
Je pense qu'il va falloir, à un moment, ne plus oublier que le corps de Sydney, elle le porte, elle l’expose, elle le mouille, elle le brûle, elle le travaille jusqu’à l’os dans des rôles ultra durs.
Moi, je répare pas des bagnoles. Je tire au pistolet, je lance des haches et des couteaux. Je suis capable de faire peur à un homme si je vise juste. Et pourtant, je n’ai jamais vu qui que ce soit me sexualiser pour ça. Ca n'a rien d'érotique. Ca n'a rien de désirable. Ca ne fera pas vendre un calendrier (sauf si vous avez le kink qu'on vous coupe la carotide). C’est trop concret, trop réel, trop hors script. Sydney, elle, maîtrise les codes. Elle les manipule, peut-être pas toujours consciemment, mais assez pour survivre. Et il se pourrait bien que cette lucidité-là dérange plus que ses photos en short taille basse.
Le problème n’est pas elle. C’est le cadre. Et le cadre, on ne le fissure pas en jetant les filles à la télé dans l’arène. On le fissure quand on arrête de croire qu’une femme doit forcément symboliser quelque chose pour avoir le droit d’exister publiquement.
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