i love the world today



Je me suis réveillée en repensant à cette nana qui disait: vis chaque journée comme si c'était la meilleure de ta vie. Donc je pense que je vais cramer ma gueule de sourires en préparant mes pancakes, aller me balader en forêt comme si c'était San Francisco, écrire comme si je préparais ma future interview par Dua Lipa pour Service95 et acheter des casquettes américaines dans cette nouvelle fripe qui a ouvert récemment comme si c'était Abercrombie & Fitch.

Have the best day of your live, sweeties.

ego death at a bachelorette party, ou se perdre pour se retrouver


Je me suis assise avec Ego Death at a Bachelorette Party, et ça m’a pris un peu par surprise. Pas parce que je ne savais pas à quoi m’attendre, mais parce que c’est exactement le genre d’album qui refuse d’être attendu. Tout d’abord, la sortie: aucun tambour, aucune trompette. On pourrait presque l’avoir ratée, si on n’avait pas traîné sur le site de Good Dye Young. Alors d'accord, c'est le merch d'Hayley Williams pour les cheveux, mais ça sort tellement de nulle part que j'ai bien aimé la démarche. Se dire que si on veut que sa musique touche, faut qu'elle passe par des produits de beauté. Toute une symbolique. Un peu comme le jouet d'un Happy Meal dans les années 90.

Dès les premières notes de l'album, tu sens que tu es dans quelque chose de fragile et d’extrême à la fois. Les morceaux ne se suivent pas de manière linéaire, ils se glissent dans l’espace comme des fragments d’une mémoire en vrac. Ice in My OJ, Brotherly Hate, Mirtazapine… chaque titre est une petite bombe d’intimité déguisée en chaos. La voix de Hayley se tend, se plie, se déchire, et tu as l’impression qu’elle te raconte tout et rien à la fois.

Le titre du disque est dans l'idée. L’ego qui meurt à une enterrement de vie de jeune fille: c’est ironique, drôle, presque cruel, mais en même temps terriblement triste. C’est une mise à nu de soi qui ne se fait pas dans le lyrisme ou le grandiloquent, mais dans des moments minuscules, des détails qui t’atteignent sans prévenir. Chaque chanson est un miroir brisé que tu assembles toi-même.

Il y a quelque chose de radical dans ce geste: refuser de plaire. Pas dans le sens militant ou provocateur, mais dans un sens presque intime: elle ne te vend rien, elle ne te guide pas. Elle te tend juste ses fragments, et tu dois trouver comment les assembler. Et c’est exactement ça qui rend l’expérience précieuse.

C’est un album qui te rappelle que la musique peut être un espace de dérive, un terrain d’exploration. On se perd dans la voix, dans les textures, dans les mots, et on en ressort différent. Pas meilleur, pas pire, juste un peu plus conscient de ce que ça fait de se confronter à soi-même à travers l’art d’un autre.

Et je crois que c’est ce qui reste le plus fort: la sensation qu’on est invité à un rituel secret, où la fête se transforme en veillée introspective. On rit, on pleure, on se surprend à hocher la tête sur une phrase absurde ou à se figer sur un cri strident. Tout est fragile, tout est immédiat, tout est vrai.

j'aime bien enfoncer des portes ouvertes


Je me demandais ce que c’est d’être critique, aujourd’hui. J’ai pas trouvé de réponse. Enfin si: pas grand-chose. C’est un métier qui s’est fait avaler, digéré, recraché façon communiqué de presse. Tu reconnais la critique au fait qu’elle dit tout le temps que c’est « incroyable », « immanquable », « événement ». On dirait des bandeaux publicitaires qui auraient appris à taper sur un clavier.

Avant, la critique se rêvait en arbitre. Ça distribuait des étoiles comme on distribue des notes au bac. Le critique décidait si une œuvre était « importante » ou pas. Aujourd’hui, les étoiles, c’est les algorithmes qui les collent, et tout le monde se fie au compteur. Résultat: plus besoin de médiateur, plus besoin d’explication. Tu likes, tu skips, tu gueules un peu, fin de l’histoire.

Et puis, en face, t’as les artistes. Eux, bizarrement, ils n’ont jamais été aussi sérieux. Même les pop stars. Même les blockbusters. Tu croyais tomber sur trois refrains sucrés ou des explosions à la con et tu te retrouves avec des morceaux pleins de cicatrices et de doutes mal recousus. C’est pas forcément beau, mais ça existe, ça pèse, ça gratte. On est loin du slogan jeté pour vendre une bouteille de soda. Alors tu regardes le tableau: les œuvres se densifient, et la critique s’évapore. Logique inversée. Tu  te dis que c’est con, parce que c’est justement maintenant qu’on aurait besoin de quelqu’un pour mettre un peu d’ordre dans tout ça, ou au moins pour foutre un peu de désordre intéressant.

Peut-être que le critique devrait juste accepter d’être le type au fond de la classe, celui qui lève la main pour dire « bof », quand tout le monde se contente d’applaudir. Pas un héros, pas un gourou. Plutôt un emmerdeur discret. Une petite voix qui dit: attends, regarde autrement. Humblement. Ou peut-être un peu plus virulent. Faut de tout pour faire un monde.

Mais le problème de la critique aujourd’hui, c’est pas seulement qu’elle a peur de faire chier. C’est plus pervers. Elle s’est persuadée qu’elle devait être cérébrale, objective, froide, diamétralement opposé à son niveau de connaissance. Alors qu’en vrai, la critique, ça a toujours été de l’émotion maitrisée. Pas du calcul. Pas du détachement. C’est un cri, un coup de cœur, un dégoût, une gêne. Ça part du ventre, pas de la tête. Un peu comme ce commentaire de texte sur un bouquin qui te fait sentir des choses en 1èreL (les littéraires qui me lisent comprendront).

Et si on ne le voit plus comme ça, c’est parce qu’on associe l’émotion à l’amateurisme. À l’idée du « fan » qui réagit trop fort, trop vite, sans recul. On a réduit ça à une réaction naïve, à un truc de meuf, aussi. Mais au fond, le critique, c’est juste ça: un fan qui a réussi. Pas réussi socialement, hein. Réussi à traduire son emballement ou son agacement en phrases qui nous font sortir de notre léthargie, peut-être même qui nous apprennent des trucs, quand on accepte l'inconfort de notre ignorance. Je crois qu'on a oublié trop vite d'aller se foutre sur la tronche, aussi. Venez vous battre, putain, comme à l'époque où on défendait notre spice girl favorite.

Alors oui, la critique est morte. Mais bon, les morts, ça revient toujours. Ça traîne, ça hante. Et peut-être que c’est ça, son rôle, aujourd’hui: hanter les œuvres, plutôt que les vendre. Et si le critique redevenait un fantôme, ce serait peut-être sa meilleure forme. Invisible, un peu encombrant, pas toujours bienvenu. Mais impossible à ignorer.

when did you get hot?

J’ai mis Man’s Best Friend ce matin et je me suis retrouvée à traîner dans mon appartement, à moitié assise sur le canapé, à moitié couchée, à moitié ailleurs. Le disque glisse comme de l’alcool tiède sur la peau, ça part dans une direction qu'on avait pas vraiment venu venir, comme une fille qui prend la mauvaise rue exprès, juste pour voir ce qui traîne au fond. Rien de girlboss dégoulinant d'empowerment powerpoint. Non, seulement une galerie de paradoxes assumés, une femme qui se noie dans son verre comme dans le regard des hommes, qui ricane de sa propre hypocrisie en même temps qu’elle l’embrasse.

J'ai bien aimé cette vibe pop années 70 sur la fin de soirée. Des villas californiennes remplies de réceptions où tout le monde porte des robes magnifiques avant qu'un drame invisible se produise (un meurtre ou un glaçon dans un verre de vin, on peut s'attendre à tout avec les américains). Un parfum de liberté un peu désuète, qui pue un épisode de Côte Ouest. Cet album aurait pu être écrit par Sue Ellen, ou n'importe quelle blonde à la permanente et au mini bar impeccables.

On ne reviendra pas sur la pochette: Sabrina à quatre pattes, tirée par les cheveux par un mec en costard. Sexisme crasse ou satire bien sentie? Peut-être les deux, peut-être aucun. Après l'écoute de ce disque, je me demande si c'est vraiment là que ça doit se jouer. Parce que Carpenter n’est pas en mode femme fatale qui contrôle tout. C’est une femme qui dit tout haut ce qu’elle se reproche, et qui en fait un album. Elle campe juste une héroïne paumée un peu pathétique, parfois ridicule, avec de très beaux sous vêtements et qui met son mascara comme on met un pansement sur une plaie béante.

Tu sens la femme qui boit pour oublier, qui ricane pour se protéger, qui regarde le monde en haussant les épaules et en se disant ok, je me mens un peu, et c'est drôle. Tout est fragile, tout est absurde, mais ça te parle. Il y a ce petit vertige qui te fait sourire, parce que tu reconnais cette liberté faussement brillante, ce chaos qu’on habille de paillettes, cette manière de continuer à danser alors que tout s’effondre autour de soi. C'est un portrait grinçant comme j'aime, au final, celui de la jolie blonde qui s'égare dans le reflet déformant du male gaze mais qui garde assez de lucidité pour écrire des punchlines caustiques sur ses décombres.

Peut-être que j'avais besoin d'entendre ça, pour changer un peu. L’aveu qu’on peut être à la fois victime et bourreau, consciente et hypocrite, forte et minable.

Ca n'est pas sage, ça n'est pas net, ça n'est pas clean. Et dans un paysage pop où tout le monde s’applique à être inspirant comme un TED Talk, ça fait du bien de voir quelqu’un assumer son sale bordel. Peut-être pour ça que je voulais la voir autant dans un rôle de country girl. C'est bien connu, ce genre musical est parfait pour les femmes qui veulent juste tuer des hommes.

À la fin, tu te retrouves là, avec le disque éteint, un peu plus lucide, un peu plus triste, mais contente quand même. Parce que c’est rare d’entendre quelqu’un chanter tes propres contradictions, sans essayer de les rendre jolies, ni de te faire pleurer, ni de te vendre un manifeste. Juste… toi, eux, et la fatigue.

Accepter l’incohérence comme une vérité possible. Accepter que la pop puisse être un endroit où l’on ne résout rien, où l’on se complaît juste dans l’ambiguïté.

i hate summer [part 78]

 

Je n'arrête pas de bouger dans tous les sens, je me fatigue. J'ai décidé de me poser aujourd'hui devant des documentaires d'aventuriers qui partent découvrir des trésors car je suis dans mon mood Lara Croft (ma lune en sagittaire aurait adoré partir en excursion aux quatre coins du monde pour chercher un mystérieux artefact du siècle dernier) (en vrai, lâchez l'affaire avec les templiers, si j'en avais été un, j'aurais écoulé le fric en achetant des bateaux et des putes).

Sinon, il fait chaud, donc n'oubliez pas de vous arroser (ou de louer un Airbnb à la montagne si vous êtes pauvre et locataire d'un logement insalubre, sur les bons conseils de notre gouvernement).

my small percent shows most



Je suis enfin allée chez l'ophtalmo, ce qui est sans doute ma plus grande victoire de 2025. J'ai acheté ces lunettes Chloé qui me faisait de l'oeil (oui, je suis drôle) depuis mille ans avant d'aller manger un fondant chocolat chantilly pour me féliciter d'être moi. 

J'ai donc décidé pour cette fin de semaine d'être plutôt cool pour continuer sur cette même direction artistique, en écoutant beaucoup de Geri Halliwell (je rêve que Charli XCX reprenne Look At Me, ne me demandez pas pourquoi). 




En attendant, je vais profiter du ciel bleu et du soleil, ça n'était pas arrivé comme ça dès 8h du matin depuis au moins 15 jours. Peut-être même que je vais aller courir.