teenage girls on the internet talking about stuff


Je ne peux pas m'empêcher d'être une éternelle adolescente. Osciller entre Nevermind de Nirvana et Lover de Taylor Swift, dans un putain de chaos magnifique. Je ne sais pas être autrement. Je ne sais pas faire autrement. Je pourrais larguer de grandes phrases, du genre "je refuse de grandir parce que je ne veux pas mourir" et quelque part, c'est quand même un peu ce que je ressens. Je ne veux pas dire adieu à la sale gosse que j'ai été parce que sans elle, je sais que je ne suis rien. C'est même pas tellement une histoire d'âme rebelle. Je ne veux pas perdre cette colère permanante qui me sépare de ces putains d'adultes avec qui je gravite au quotidien. Ces adultes qui sont aussi tièdes qu'une bière oubliée sur un coin de table. Je veux que ça continue de se frayer un chemin dans mes veines, que ça tape à l'unisson avec mes tripes.

J'aime ce sentiment qui allie invicibilité et vulnérabilité. J'aime que ça tangue, que ça s'arrache dans un million de confettis, que je me sente au-dessus de tout et en même temps une loseuse radieuse. Aller au travail avec Sonic Youth dans les oreilles, une ceinture à clous qui maintient difficilement mon jean trop grand ou encore passer des nuits blanches à bouffer de la glace en chialant devant Pride and Prejudice. C'est pas non plus la sensation d'appartenance qui m'anime (parce que j'ai toujours aimé être un side project) mais cette impression d'être en constante création de moi-même, et du monde qui m'entoure. Etre une éternelle adolescente, si vous voulez, c'est un peu mon superpouvoir: garder la flamme de la rage et la naiveté des beaux jours quand la vie essaie désespérément de me broyer.



C'est aussi un peu le poids que je dois subir. Celui de croire que c'est encore possible. De croire en l'impossible. M'enfermer dans une boîte où les rêves crèvent et où l'ennui règne en maitre? Je sais que j'ai la gueule facilement impassible mais je n'en pense pas moins. Je suis une éternelle adolescente parce que j'ai encore des choses à dire et que je n'ai absolument pas l'intention de fermer ma gueule. Des vérités à cracher dans la face du conformisme, des rêves à brandir comme des débiles d'étendards dans un monde qui s'efforce de nous écraser sous le poids de sa normalité aseptisée. Ouais, je suis une éternelle adolescente, et je vais hurler ma vérité jusqu'à ce que ce monde de merde m'entende.



Parfois, je me dis que j'ai du mal à me fixer parce qu'au fond, je sais que ce sera toujours l'imprévu qui primera, même en pyjama, au fond du sceau, un dimanche matin à 17h30. Vivre au jour le jour, en suivant ses caprices et sans se soucier des attentes des autres. Quand j'étais môme, je m'imaginais adulte responsable, avec une jolie maison et un jardin. Aujourd'hui, je ne suis pas conne, je sais que suis sensée être une adulte responsable, sauf que j'ai mis la barre au ras du sol: je me contente déjà de manger sainement en vous disant d'aller vous faire foutre, un bout de mâche entre les dents. 

Mais être une éternelle adolescente, c'est aussi accepter qu'être fainéante, ça n'a pas de prix. Etre une éternelle adolescente, c'est refuser le chemin fléché. Celui déterminé par une vie soigneusement orchestrée pour nous faire croire que c'est un peu tout ce qu'on a toujours voulu. Je le dis, je n'ai jamais cherché ça: je voulais juste qu'on me laisse regarder mes dessins animés tranquille sans qu'on vienne me faire chier. Zoner des heures à regarder le plafond, dissocier sur les chiottes, rouler des yeux face à une carrière ne fera que me bouffer jusqu'à la moelle. Je ne sais même plus si ça en vaut la peine, d'être une adulte responsable, quand je regarde ce que ça implique: s'atomiser la gueule jusqu'à sa mort, pour mieux tirer un trait sur ce qu'on a été.

Je ne veux rien oublier, même le pire.



Je ne veux rien oublier car il n'y a que moi qui compte, au final. Je suis une égoiste uniquement centrée sur moi-même, quand je ne m'insurge pas sur ce qui m'accable. La différence, c'est que nous, les connards dans notre genre, on l'assume. On l'assume parce qu'on sait que c'est la clef: se concentrer sur nous-mêmes, c'est prendre le temps de nous connaitre, c'est prendre le temps de nous aimer (même si on continue quand même de se détester à petite dose, faut justifier le noir sur les ongles) et potentiellement, pas trop dégueuler sur les autres. Etre une éternelle adolescente, c'est garder ce qu'il y a de mieux dans la maturité.


Parce que les erreurs, elles sont là pour ça. Grandir, c'est croire qu'elles sont d'une gravité sans nom alors que c'est elles qui nous amènent là où nous sommes. Se ramasser la gueule, se relever. Continuer à apprendre, encore et encore, jusqu'à ce que la cervelle explose dans un torrent d'espoir et de possibilités. Même pas en rêve je lâche ça en cours de route. J'ai pas envie de me contenter de peu. Je veux tout. Absolument tout. Et c'est pas une histoire de se brûler les ailes. C'est accepter que la vie est un voyage, fait de rencontres, et où rien ne dure éternellement. C'est écrire sans cesse de nouveaux chapitres, avec un début et une fin.


Etre une éternelle adolescente, paradoxalement, c'est comprendre mieux que quiconque que tout a une date d'expiration et que ça n'a rien de grave: quand une porte se ferme, une autre s'ouvre. Ou plus exactement, quand une porte se ferme, une autre est prête à se faire défoncer.

the staggering girl

 

On ne fait plus assez de clips dans des garages en jogging. Je me faisais cette réflexion en regardant la nouvelle vidéo de King Hannah. Je me disais aussi que ce disque sera le meilleur de 2024, St Vincent et Mary Timony derrière, à la traîne. Si vous voulez, on peut se foutre sur la gueule, je change pas d'avis. Big Swimmer est un titre d'une grande douceur, grandement aidé par la voix de Sharon Van Etten (normalement, c'est à ce moment que vous l'écoutez religieusement et que vous êtes d'emblée d'accord avec moi). Lou Reed aurait adoré en faire une cover et j'aurais adoré l'écouter en faire une cover.

Sinon je me suis abonnée à Mubi en vue des ponts que je vais me payer au mois de mai et de loin, ma meilleure décision de 2024. Au programme:
  • This much I know to be true, d'Andrew Dominik
  • Shiva Baby, d'Emma Seligman
  • Lovely Rita, de Jessica Hausner
  • Models, de Ulrich Seidl
  • Funny Ha Ha, d'Andrew Bujalski
  • Trash Humpers, de Harmony Korine
En vérité, je ne sais pas si c'était vraiment l'idée la plus nécessaire mais quoi de mieux qu'être devant un bon film, sous un plaid, dans un merveilleux pull, un 1er mai? Le thé brûlant, n'oublions pas le thé brûlant.

well, I could be angry, but you're not worth the fight


Réveillée à 7h du mat par une envie irrépressible de pisser. Temps gris mais ça passe. J'ai prévu de me faire un bruch à base de tofu brouillés, d'avocat et de fruits. Et un matcha amande. Un immense matcha amande, le tout en lisant tranquillement les archives du vieux blog de JT Leroy, que j'ai retrouvé un peu par hasard hier soir. 

Une sortie au marché, aussi. J'aime beaucoup sortir tôt le matin. Je pense que j'ai raté ma nationalité. J'aurais été une merveilleuse américaine, pour ça. Me lever pour juste aller me chercher un latte dans un coffee shop. Crapahuter avec ma gourde Stanley, vêtue d'un confortable leggins et d'un hoodie trop grand pour moi. Le confort et la tranquilité de la vie. Aller dans un café à Paris, le matin, ne fait pas le même effet. Je trouve que ça a un côté sérieux, je me sens obligée à chaque fois de me ramener avec l'édition du Monde, ça matche pas avec l'énergie voulue.

Sinon, nous sommes le 27 avril 2024, et je vous encourage à réécouter ce titre de Paramore pour un samedi satisfaisant.

a change of heart



Je pense beaucoup à la question du choix, en ce moment. Tourner à gauche ou à droite. C'est que ça implique beaucoup de choses, cette connerie. La paralysie, vous connaissez? C'est ce qu'on m'a balancé dans le berceau, à la naissance. Poussée à prendre tout et n'importe quoi, vivre à 100 à l'heure ou au contraire s'arrêter totalement de vivre. Soit on voit les choses trop vites soit on fixe le bordel pendant des plombes. Y a pas d'entre deux, y a pas de solutions. Après, je dis pas, je me suis laissée enfermée par la glande de foutre un pas devant l'autre (mais j'aime beaucoup rejeter la faute sur l'autre, j'assume pas mon immobilisme de merde). 

Donc en gros, voilà à quoi j'en suis réduite. Tourner à gauche ou à droite. Après, c'est un grand pas, mine de rien. Déjà se poser la question. Envisager, un instant, de tourner. N'importe où, mais quitter la borne d'arrêt d'urgence. J'admire les gens qui se laissent porter. Non, qui font. Même sans réfléchir. La question du regret et du remord. Moi, j'en suis pas encore là. 

Je pense que lorsque ce jour arrivera, ce blog fermera. 

Traduction: c'est pas pour demain. Ni pour après-demain. Mais j'y pense. Tourner à gauche ou à droite.

she's so high



Bordel, qu'est-ce que je vénère Gabriette Bechtel. A l'époque du documentaire sur les Nasty Cherry, je n'arrivais pas à décrocher mes yeux de sa gueule. Elle a ce truc des icônes, ce truc qui s'est perdu à travers les pages mais qu'on arrive de temps en temps à retrouver, au détour du marasme instagrammable.

J'ai toujours eu un certain penchant pour l'esthétique de la lazy bad girl, yeux hagards et clope au bec. Je me souviens d'une ancienne lectrice qui m'avait retrouvée par hasard sur les réseaux sociaux avec mon blaze actuel juste en se fiant à ma photo de profil. Qui était donc une lazy bad girl, yeux hagards et clope au bec (on ne se refait pas). 

Ca me fait penser que je n'ai toujours pas commencé la deuxième saison de Single Drunk Female. Déjà parce que Sofia Black D'Elia. Ensuite, parce que Sofia Black D'Elia.


Je crois que c'est ce que je préfère. Les séries feels good qui oscillent entre légèreté et profondeur dans les thèmes qu'elles peuvent aborder. Ces héroines, sur le fil de la rédemption. Il y avait ce livre, de Sarah Hepola, Blackout: Remembering the Things I Drank to Forget, qui me suit depuis de nombreuses années. La nécessité, voulue, parfois imposée, qui vous suit comme une ombre. Se construire après s'être oublié dans un personnage créé de toutes pièces, au fur et à mesure que les verres s'empilent. S'enfermer dans ses propres peurs, ses propres paradoxes. Quand il ne reste plus que ça. Le plus difficile, laisser le tout derrière soi. 





this could be texas



En ce moment, j'alterne entre la lecture du dernier Toussaint Louverture et le nouveau titre de St Vincent. Je trouve que ce Katie, de Michael McDowell se marie à merveille avec Broken Man (cette Nine Inch Nails era va être formidable, je le sens).

Je pense aussi que je devrais aller au cinéma mais je n'ai aucune idée particulière. Etonnamment, le docu de Christine Angot m'a beaucoup ému lorsque j'ai vu sa bande-annonce. Je me demande si je ne vais pas essayer de me trouver un créneau samedi. Je crois qu'elle n'aurait jamais du passer par la case écriture. C'est la parole, l'image, qui l'anime, et qui fait sa force. 

J'ai prévu aussi dimanche d'aller à Saint-Valéry. Pas que j'aime particulièrement la mer, mais parfois, j'ai besoin de m'y retrouver. J'aime beaucoup me balader sur la jetée, très tôt le matin. M'installer sur un banc, griffoner dans un carnet, puis me rendre dans un de mes restaurants favoris, le Jardin (vraiment, si vous vous perdez dans ce trou paumé balnéaire, je ne peux que vous recommender la bouffe) (et les otaries à 8h du matin, sous le soleil, un jour de juillet).

i'm just a girl all pretty and petite


(une photo de Dirty Matty, pour rester dans la thématique)

J'ai toujours trouvé les amours toxiques merdiques. Mais je suis un putain d'insecte qui n'hésitera jamais à aller se faire griller sur une ampoule allumée. Un de mes exs me le répétait toujours: "la baise te perdra". Je crois que maintenant, j'ai pris le parti de porter ma croix. J'aime les amours toxiques merdiques parce que, dès le départ, j'ai accepté ma propre masculinité toxique. Après, je dis pas que c'est pas un jeu sans risque. Je m'en suis ramassée, des dents. Mais c'est ce qui fait la vie, au final. On peut pas toujours gagner, mais ça m'a jamais empêché de jouer.

C'est assez rare, que je fasse la confusion entre sexe et sentiments. Parfois, ça peut vous prendre un peu sans crier gare, mais dans l'ensemble, je pense m'en être sortie sans trop d'égratignures. J'ai toujours eu la sagesse des grands. Peut-être parce que, inconsciemment, j'avais pigé que j'aurais besoin de ça, pour me protéger. Je parle d'amour toxique mais en vrai, ça n'a rien à voir avec ça. L'obsession, pour des raisons aussi obscures qu'une culbute sur un matelas à même le sol, l'odeur d'une fin de pizza sous le meuble télé. L'obsession, oui, pour ce connard qui pue la weed et le sperme à dix kilomètres à la ronde, et qui te fera traverser l'Atlantique en pédalo alors que tu sais même pas nager (ou te faire écrire environ cinquante chansons sur trois albums) (cette nouvelle entrante au paradis des bitches se reconnaitra, welcome sweetie).



On se les trainent encore, ces casseroles, à penser dans un coin de tête qu'on aimerait vraiment, mais alors vraiment BEAUCOUP qu'il revienne, alors qu'on tente de donner le change dans notre soit disant relation saine et équilibrée comme un putain de poké bowl rassis. La vérité, c'est qu'il est toujours là, dix, quinze ans après. A hanter nos bails, nos signatures de PACS, nos tournées mondiales à 261 millions de dollars. A nous morfondre dans le silence d'un "peut-être" sur la base de cette aura de minable capable de voir ce qu'il y avait de pire en nous et de faire ressortir ce monstre qui nous grignottait de l'intérieur (aka la vingtaine, mélange perdu entre le Prince Philippe de la Belle au Bois Dormant et notre fantaisie sur Liam Gallagher quand on avait l'âge où on comprenait pas encore à quoi servait un garçon mais où la musique commençait doucement à prendre). Il va revenir. IL VA REVENIR...

...et c'est formidable, parce que oui, effectivement, la manifestation durant un soir de pleine lune en année bisextile finit par fonctionner. Il revient. Et on y retourne. La culotte aux chevilles, le cul sur la commode, les yeux rougis par la chiale. Non pas parce qu'il nous aime, non pas parce qu'on le possède, non pas parce que sa vie n'est rien sans nous. Il revient parce que sa dernière meuf lui a foutu un coup de pied au cul (ou qu'elle est un peu trop chiante à son goût, y a jamais d'entre deux), qu'il a besoin d'un repas chaud et de se poser quelques temps au calme pour remettre des pièces dans la love machine avant de repartir vadrouiller parmi ce monde extraordinaire empli de kebabs et de chattes.

C'est désespérant. On le sait. A chaque fois. A chaque pu-tain de fois. Mais il est la leçon qu'on n'a pas envie d'apprendre, l'éternel bac au rattrappage. Il est notre beau brun ténébreux à la gueule de rat. En plus, le sexe is not even that good, enfin si, un peu, on sait plus, on en vient à boire pour oublier donc c'est confus. Mais il est là, dans notre décors rose bonbon. Je peux le réparer, je peux lui redonner un sens à la vie. Je peux devenir SA vie. Mais c'est bien là que réside tout le problème. On ne peut jamais changer quelqu'un qui a autant de consistance qu'un ravioli à la crevette oublié sur un coin de table un jour de canicule. Et quand on prend conscience de ça. Quand on prend conscience qu'il reviendra toujours pour les mauvaises raisons, c'est là que tout commence à prendre sens. C'est là qu'on se dit "moi aussi, j'ai envie d'en profiter, des mauvaises raisons". Et c'est qu'elles ont un truc, ces mauvaises raisons. Pour le pire comme pour le meilleur. 

Je vous laisse faire votre propre liste mentale. 

En écoutant pour la trentième fois le dernier Swift, je me suis demandée si on pouvait vraiment lui en vouloir d'avoir les yeux qui crient braguette en regardant Healy. Est-ce qu'on peut vraiment lui en vouloir de nourrir cette marotte dégueulasse à en écrire un titre où elle dit se masturber en pensant à lui (oui, bon, pour celle là, on aurait préféré qu'elle évite). Je sais pas, mais je l'ai jamais autant trouvé humaine. Je l'ai jamais trouvé autant pitoyable et en même temps, terriblement sublime. D'essayer d'apprivoiser un truc qu'elle ne comprend pas elle-même, pour les raisons qui la regarde. La vérité est qu'on est toutes passées par là, à la différence qu'aucun de nos coups pourris n'était potentiellement une rockstar, mais plutôt un vulgaire loser coincé dans le registre ras de la moquette, de l'artiste raté en passant par le mauvais blogueur musique du dimanche (ça marche aussi pour l'étudiant torturé en cinéma, le futur professeur de lettres modernes, du Ken écrasé par la voiture de ton père, à toutes les sauces, je laisse choisir). Non, vraiment, j'en juge aucune d'entre nous, à l'heure où je vous parle. Aucune à dire "mais bordel, t'es conne ma fille, il ressemble à une brosse à chiottes". Peut-être mais c'est NOTRE brosse à chiotte.

Les filles sont compliquées. Non pas parce qu'elles sont tarées. Mais parce que les humains sont tarés. Et il se trouve que les filles sont des humains. N'ayez pas honte de votre Matty Healy, il finira par s'évaporer. Ca prend du temps, mais on finit par comprendre et à se trouver. Et quand ça arrive, c'est là que les choses sérieuses commencent.

the a-list



Je n'arrive pas à me souvenir où j'ai vu ça, mais une nana évoquait toutes les marques qu'elle adorait en mode simp donc comme j'aime les listes et me faire prendre comme une bleue par le marketing, voici les noms qui me font sortir la carte (ou qui me donnent envie de la sortir) comme s'il n'y avait pas de lendemains.

Ardene
C'est mon guide ultime du confort. Je regarde un de leurs sweatshirts et c'est comme si je filais sur un nuage. Mon meilleur argument pour zoner à la maison. 

Monoprix
Je pourrais acheter ma bouffe n'importe où mais rien à foutre si je dois payer 20 centimes de plus pour un avocat. J'ai ma carte fidélité. C'est ma réussite sociale. Et puis on y trouve tellement tout. Une pharmacie? On sait pas, mais elle est là. J'adhère.

The Row
Honnêtement, qu'un magasin n'ouvre jamais à Paris, je serais tellement là-bas que la police finirait par m'interdire l'entrée (parce que bien évidemment, je n'y achèterais rien mais). Mais les vêtements là-bas. Mamamama. Je me fais des paniers à 40 000 euros à 1h du matin, vous voyez le niveau. Ca n'a aucun sens.

Mariage Frères Thé
Pourquoi je me laisse avoir comme ça? Juste pour le packaging. Ce thé n'a rien d'extraordinaire, je le dis, je l'affirme, rien à foutre (non, c'est faux, la gamme amande est incroyable). Mais sur une table, là. C'est beau. C'est tout.

Action
C'est atroce. J'y rentre, impossible de dire quand je vais en ressortir. J'ai besoin d'un verre, je ressors avec un salon de jardin. Ce magasin est une ruine. En make up, en skincare, en linge de maison, en objets inutiles. J'ai 33 plateaux. Pourquoi? Bah parce qu'Action peut me le fournir. Ca suffit à mon équilibre mental. Ou pas. 

Paperblanks
Leurs agendas me donne envie d'avoir une vie.

La Boutique du musée des Arts Décoratifs
Alors là, c'est ma passion secrète. J'y vais toujours habillée de noir de la tête aux pieds, savamment coiffée comme une richarde old money, déambulant lentement parmi les oeuvres mises en vente. Cette tasse art contemporain avec une anse de trois km à 100 euros qui ne me servira strictement à rien? Bien évidemment que c'est pour moi. 

Noir Kennedy
Je suis vieille mais j'y vais encore car je vis dans le déni. Je ne m'habille absolument plus comme ça et je n'y achète absoluement rien car j'ai arrêté d'avoir une personnalité à partir de mon premier CDI, mais je passe à côté, le nez collé à la vitre, comme un enfant interdit de Noel dans un bouquin de Dickens.

Siggi's
J'en mange un, je suis en Islande. Ca me suffit amplement. Je ne vois même pas où je devrais argumenter.

Fleux
Me lâcher dans le Marais, c'est prendre le risque de me voir sous mon pire profil: de droite. Mais encore une fois, la déco, c'est ma faiblesse. Je suis la Valérie Damidot des bobos. 

Puma
Ces baskets ont été réalisées avec la coopération de Dieu. Déjà, c'est le style incarné, ensuite, c'est le confort, le vrai.

La joie de vivre
C'est typiquement de niche et parisien. C'est dans mon quartier et ça suffit à mon bonheur. De la vaisselle, des meubles, des lampes. Tout ce qui me rend heureuse.

my friends all smell like weed or little babies


J'avais totalement oublié de parler de l'intérieur d'Emma Roberts et sans grande surprise, il rentre dans mon top 3 de maisons favorites de célébrités. Je suis en amour sur sa Barbie bourrée et ses tasses. Mais est-ce vraiment étonnant de sa part sachant que sa garde-robe est l'une des plus cools depuis près de dix ans?














so sick of dreaming


J'aurais adoré adorer le couple que formait Rob Lowe et Melissa Gilbert mais le patriarcat en a voulu autrement. C'est quelque chose d'assez complexe, avec les photographies. Tomber sur ce cliché, y voir une jolie histoire et en fait, non. Les plus belles pourritures se cachent derrière les plus beaux sourires. 

Je suis dans un mood film d'époque et personnages de littérature proches de la folie. J'ai regardé Jane Eyre en me levant ce matin, la version avec Mia Wasikowska. Je pense que je vais aussi me faire La vie des soeurs Bronte, uniquement parce qu'un article du Guardian a qualifié ce film de sombre, beau et brillant (il m'en faut peu). Penser à sortir un peu, aussi. Profiter du soleil tant qu'il est là. 

Et boire un iced mocha blanc. Et tenter de ne pas écouter pour la millième fois The Tortured Poets Department.

i'm queen of sand castles he destroys



J'aurais adoré être adolescente à la sortie du dernière Taylor Swift. Tomber amoureuse sur The Bolter ou encore So High School. Et surtout détester sur My Boy Only Breaks His Favorite Toys. The Tortured Poets Department est tout ce que j'attendais après Folklore et Evermore. Souvent, on me demande pourquoi j'apprécie autant cette artiste, pourquoi je me laisse autant entrainer dans sa masquarade. Tavi Gevinson, il me semble, parlait d'elle comme étant la meilleure amie qu'on rêverait toutes d'avoir au lycée. Non, la grande soeur. Je ne sais plus, mais c'est dans l'idée. Et c'est un peu ce que je ressens, en l'écoutant. Un bras entourant mon cou, la tête se posant délicatement sur mon épaule. Everything's gonna be alright til you hate them the right way. Taylor Swift m'a plus enseignée sur la rage que n'importe quelle citation de Courtney Love. Ce visage acceptable d'être sans cesse sur le fil et de ne jamais s'en excuser. Accueillir la souffrance comme une vieille amie, lui faire une place de choix. Il y a quelque chose, dans ses textes, de terriblement libérateur. Quelque chose qui n'évoque en rien ce que j'ai pu connaitre. Et pas seulement un moyen à la con pour cracher sur ses exs. Non. Ecrire avec ses tripes, dark and light. Taylor Swift, ce n'est pas que de la revanche primaire ni même du contrôle à outrance. Taylor Swift, c'est avant puiser dans tout ce qu'il y a de pire en nous et y faire face. Pas un quelconque pouvoir, pas une quelconque possession. Mais seulement la terrible vérité que nous ne sommes que des humains, dans le sens le plus désespérant du terme, et l'accepter, pour le pire. Dès les premières notes, c'est comme si d'un coup, elle m'offrait le luxe d'être enfin en paix avec moi-même, sans aucun jugement. D'être ce que je ne m'autorise jamais. Elle est le vernis qui s'écaille, la façade qui s'effrite. Le goût de la complexité.

On ne peut plus revenir en arrière après avoir écouté Mad Woman.

the tortured poets department



Je suis fatiguée comme jamais. Ca fait une semaine que j'enchaîne les nuits de 5h. Après, c'est de ma faute, j'ai qu'à pas bosser comme une conne. C'est drôle, j'avais dit que cette année j'allais lever le pied et c'est encore pire. Je me fous dans de ces bails mais c'est pour des trucs que j'aime, alors je m'écrase. Quelque part, j'aime beaucoup la tournure que prennent les choses même si c'était pas forcément un truc que j'avais vu venir. Je crois que c'était quand même un peu écrit: plus j'avance et plus j'ai l'impression d'avoir hérité de ce que mes parents, mes grands-parents, n'ont jamais pu finir. Je dis pas que je crois à ces histoires de karma, ou de boucle à boucler, mais je peux pas faire comme si de rien n'était. Apporter le point final à une histoire familiale foutrac. 

Je me suis prise à penser à ce que mon père aurait fait, dans certaines circonstances. C'était un fin stratège, pour ce qu'il voulait. Au parti socialiste, dans le syndicalisme. Avoir arrêté après qu'on lui crame sa bagnole, qu'on le rétame parce qu'il ouvrait trop sa gueule. Avoir loupé une carrière dans le journalisme, avoir refusé de se faire publier. Mon père avait la foi, mais elle avait fini par attérir dans le canapé, tout comme son cul. Il n'avait plus envie de rien, parce qu'il avait peur de son ombre, au fond de lui. La moindre difficulté devenait oppressante à en crever. Je le revois encore, tomber petit à petit, alors que je l'avais connu si vaillant. Il devenait comme son père, ayant lui-même raté le virage de la vie. Un type agressif, trop porté sur la picole pour qu'on se rappelle de qui il était vraiment. Un sale mec, qui aurait voulu être architecte, mais qui avait fini à l'usine, parce que c'est là-bas que terminait tous les gamins de prolo. Un dessinateur hors pair, que j'avais surpris en train de chialer, un jour, devant de vieux plans qu'il avait réalisé. 

Et puis il y a ma mère, qui voulait juste ouvrir un putain de garage. Sa mère, qui aurait grandement apprécié ne pas chuter de classe sociale. Mon autre grand-mère, trop pauvre pour être digne d'épouser un fils de médecin, et mal née pour envisager une carrière dans la mode, comme elle en rêvait. Chacun et chacune, ayant essayé de se battre contre les éléments, ayant essayé de faire exploser ce qui les maintenaient à une place qu'ils abhorraient. 

J'y pense souvent, à leur destin de merde. Aux chemins qu'ils auraient du emprunter, leur effet papillon manqué. S'ils auraient pu contourner les règles, si les dés n'étaient pas pipés d'avance. Je dis pas que je fais tout ça pour eux. Mais je sais pas, plus j'avance et plus je me demande si ça n'est pas un de mes moteurs. Leur rendre une espèce de justice, même s'ils sont tous et toutes six pieds sous terre. Je crois que je dois être plus sentimentale que je ne le pense. 

inspiration printemps / été [fashion edition] - FRUITS MAGAZINE

 

 








take off all your cool



Je me suis levée ce matin avec le besoin viscéral de me faire une glace. C'est un truc très polonais. Manger une glace quand c'est pas le moment. A l'heure du midi, m'attabler à une terrasse et m'en commander une au caramel, café et vanille, avec des morceaux de banane en garniture, de la chantilly et des copeaux de chocolat, avant de m'enfiler des rouleaux de chous farcis et une part de makowiec. J'aime beaucoup les places dans les villes polonaises. Ces grands espaces, entourés par des immeubles colorés. Faut savoir profiter de ces dimanches. Je ne suis pas à Poznan mais on peut très bien se préparer une mega glace à bouffer en écoutant Sabrina Carpenter (ce titre m'obsède en plus de me faire errer sur des sites à la recherche du maillot de bain parfait) (j'ai absolument pas l'intention d'aller à la plage).

L'été, c'est un peu ma définition de la femme: l'âme de Lana Del Rey dans la garde-robe de Barbara Cartland.

i like tea and maybe three people


Now he's thinkin' 'bout me every night, oh
Is it that sweet? I guess so
Say you can't sleep, baby, I know
That's that me, espresso
Move it up, down, left, right, oh
Switch it up like Nintendo

Je regarde le live de Peggy Gou à Coachella et pardonnez-moi mais c'est quoi ce public? Vraiment, je suis scandalisée. Déjà, ça passe ses journées à enfoncer des portes ouvertes à coup de "bouh, Friends et de Sex and the City c'est cringe", mais en plus ça sait même pas s'ambiancer. Je sais pas, bougez les bras, balancez de la bière. Juste. Faites un truc. Ca me stresse de ouf, j'arrive même plus à m'amuser moi-même alors que je suis littéralement en pyjama. Vous êtes jeunes, vous avez payé un rein pour être là. Sérieux, à ça de pondre des chiards seulement pour leur apprendre à faire des pogos et réciter l'alphabet en rotant.

J'ai un côté très regressif, très Peter Pan, en ce ce moment. Enfin, pas qu'en ce moment mais plus que d'habitude. C'est quelque chose que j'aime bien, chez nous, les millenials. Très sérieux dans la gaminerie, capable de t'expliquer la théorie des cordes en faisant des pets de bras. C'est qu'on a du assimiler très tôt qu'on allait tous crever dans les années 2000 mais on a gardé des réminiscences des supers pubs qu'on avait dans les années 1990 pour Noel. Donc crever, oui. Mais en jouant à la Nintendo. Et c'est vrai que j'attrappe vraiment un côté je m'en foutiste qui m'étonne de jour en jour alors que je m'étais quand même toujours vu comme engagée. Mais là, je sais pas. Allez tous vous faire voir.

Heureusement, les fans de Lana Del Rey ne décoivent jamais. Je lisais quelqu'un qui disait qu'elle était un peu la Lady Di des dépressifs sévères. C'est pas totalement faux et c'est le paradoxe. C'es qu'on sait s'amuser dans les larmes et les cris. On est les inventeurs du Summertime Sadness, ne l'oublions pas. 


Soyons broyés, mais avec style. Dans une robe à strass, à faire du pole dance sur Candy Necklace. Buvons du coca, grillons une dernière cigarette. Sur la route vers nulle part. Soyons nos propres hymnes, nos plus beaux échecs. Immatures, inconstants. Klaxonnant pendant qu'on fonce droit dans le mur. Sourire béat collé sur les lèvres. Comme un putain de tumblr en 2012. 


brighter days


C'est fou comme le soleil et un nouveau clip de Dua Lipa peuvent te faire changer de personnalité. J'ai lâché mes pantalons de jogging pour des robes à fleurs. Je me suis même coiffée d'une tresse, comme si j'allais faire péter un pont à la manière de Black Widow. 

J'ai un rituel, quand le printemps arrive. Marcher autant que possible pieds nus dans l'herbe et me poser au bord d'un coin d'eau pour écouter les oiseaux. Je lâche les masques, durant cette période. Je double mes sessions étirement et je ne mange que des fruits. De la lumière, il me faut de la lumière (et la saison 3 de Bridgerton).

Je ne sais pas pourquoi, mais c'est une période où je lis beaucoup moins, aussi. Je préfère écouter de la musique. Sans surprise, le nouveau Maggie Rogers est sublime. Je repense toujours à l'expression de Pharell Williams la première fois qu'il a écouté l'un de ses titres. Il y a vraiment quelque chose de simple, de brut, de vrai dans ses compositions. Beaucoup de vulnérabilité. Plus je prends de l'âge et plus je laisse la technique de côté, en fait. J'en ai plus rien à foutre des postures. Si tu me parles, je te réponds. Passer du rire aux larmes. C'est vraiment la seule artiste qui me donne envie de prendre une cuillère en bois en guise de micro.

i've never ever been happier


Aujourd'hui, je vais vous parler d'une journée pourrie. Mais pas n'importe quelle journée pourrie. LA journée pourrie. Celle qui vous donne envie de défoncer une boite d'anxio, de chier sur le bureau de votre boss et de terminer à dégueuler sur un trottoir, dans votre tailleur qui pue le graillon, après avoir bouffé un kebab de seconde zone qui s'appelerait m'enfaim ou je sais pas quoi.

[Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants serait purement fortuite.] [Ne chiez pas sur le bureau de votre boss, Gabriel Attal veut encore toucher à l'assurance chômage.] 

1. le réveil: putain, je veux mourir, pourquoi je m'obstine à garder cette sonnerie de merde. 
2. les chiottes: je veux aller pisser, encore à moitié endormie. mais la cuvette est relevée. je ne le comprends que trop tard. il est à peine 7h, je suis féministe comme jamais.
3. le petit-déjeuner: le pain est rassis, j'ai oublié d'en racheter, je sais que je vais être en retard car je suis pas encore lavée. j'ai pas envie de me laver. je veux juste comater devant ma bouilloire en me grattant les fesses et en baillant comme une dératée.
4. la douche : j'y suis allée, dans un moment de lucidité. maintenant je laisse couler l'eau à 1000 degrés sur ma tête, je pense que c'est pas encore assez chaud, je vais encore rester comme ça 15 minutes, comme s'il y avait une seconde planète en roue libre dans le périmètre.
5. le petit-déjeuner - part 2: je me rappelle de l'existence de mon grille-pain. je le branche. court-circuit. je regarde mon pain rassis. j'ai envie de chialer. j'ai plus de lait de soja.
6. le télétravail: les clients ont décidé de tous m'appeler à 9h. à 12h, j'ai pas lu un email.
7. la pause-dejeuner: je me prépare une salade de quinoa, avec
des crevettes et un avocat. je veux un truc malsain mais j'ai fait mes courses en mode kendall jenner. je pense à me défenestrer.
8. la reprise: officiellement à 14h. officieusement 16h. je n'ai rien fait durant ce labs de temps, à part regarder ma vie dans le vide. j'embraille sur un email qui donne envie de péter mon crâne. je me remets en mode pause jusqu'à 17h55.
9. la fin du télétravail: je respire, m'allume une clope, et m'adosse au mur de mon salon. non, c'est faux. je jette violamment une balle rebondissante achetée 3 balles chez gifi. je suis une meuf edgy.
10. je décide de me mettre en pyjama. je mets 20 minutes avant de comprendre que je suis dans ce même pyjama depuis une semaine. ça fait une semaine que je suis en télétravail. je respire. je veux m'allumer une clope. je me rappelle que j'ai arrêté de fumer.
11. j'ai envie d'écouter de la musique. je ne peux pas. mon voisin écoute véronique sanson. je déteste véronique sanson.
12. le repas du soir: j'ouvre une boite de foie de morue avec de la mâche en écoutant un podcast sur un tueur en série. je prends le temps de réfléchir à ce que j'aurais fait pour élaborer le crime parfait en mangeant mon foie de morue.
13. l'homme m'envoie un message. il veut passer. je dis non. je pense qu'il va me rendre lesbienne. 
14. je fais la vaisselle (je déteste la vaisselle qui zone dans l'évier).
15. il est à peine 20 heures, je me suis réveillée en sursaut par mon propre ronflement. j'ai le menton humide.
16. je lance bones and all mais j'ai le générique de plus belle la vie dans la tête.
17. j'abandonne au moment où je me dis que timothée chalamet serait super dans plus belle la vie.
18. je pars dormir. avec toujours le générique de plus belle la vie dans la tête.

Demain est un autre jour.

Ou pas.

what i like about you


Ce que j'aime chez les gens:

- la passion. qu'on me raconte ce qui anime. je pourrais écouter quelqu'un pendant des heures me parler d'un truc insignifiant à mes yeux. je suis une fausse hater. j'aime les gens qui aiment.
- le second degré. ne jamais se prendre au sérieux. l'humilité.
- la décontraction. moi qui suis d'un naturel tendu, si j'ai quelqu'un en face de moi qui est relax, c'est comme si ça faisait effet miroir.
- le détail mode qui fait la différence. pas la peine que ce soit haute-couture, juste un truc qui me fait dire qui j'ai en face de moi.
- être à côté de la plaque, en constant décalage. ces personnes sont un ravissement. 
- cultiver un savoir inutile en balançant des anecdotes dignes d'une pisse à contre courant.
- être capable de faire son auto-critique, prendre du recul.
- les contrastes. j'ai du mal avec les personnes qui me ressemblent trop. non pas parce que je ne m'apprécie pas, mais seulement parce que j'apprécie qu'on m'emmène sur des terrains différents.
- la constance. l'engagement.
- la rebellion.
- les yeux rieurs.
- la maladresse.

i need to stop my excuses and have a real conversation



Quand j'étais môme, j'adorais faire des listes. J'en faisais vraiment pour tout et n'importe quoi. Mes premiers écrits, je les foutais sur mes jouets. J'avais une plaquette en bois, une espèce de jeux de dames un peu précaire. Au dos, j'y avais inscrit le nom de mes meilleurs potes de l'époque. C'était ma façon de m'entrainer à former des lettres. Peu à peu, j'ai pris le pli d'écrire tout ce qui me passait par la tête un peu partout, surtout sur les murs, que je recouvrais avec des posters de chanteurs de seconde zone pour pas que ma mère le découvre (elle le découvrait toujours). Je pense à ça parce que j'ai retrouvé chez mes parents mon premier carnet, ou plutôt un conglomérat de feuilles volantes reprenant le fil de mon esprit, à travers les âges. Des listes à n'en plus finir: ce que j'aimais, ce que je détestais. Des fantaisies de petite fille, à quoi devait ressembler mon prince charmant (spoiler alert, c'était même pas la Bête mais le prince Philippe, de la Belle au bois dormant - pas le mari de la reine d'Angleterre, sage mais téméraire, super bon danseur mais ayant des difficultés avec le concept de consentement et un peu manipulateur sur les bords).

C'était ma feuille de route, claire et précise. Chemin flêché qui putait la licorne et l'arc-en-ciel. J'avais vraiment ça en moi, la promesse du lendemain. J'y croyais en technicolor, béton armé, comme une pute attendant son Edward Lewis. Je sais pas pourquoi je tenais tant à fignoler ce monde intérieur, dans ses moindres recoins. Malgré les difficultés, je restais une enfant désespérément joviale, à sourire comme si je chiais des hirondelles. L'adulte que je voulais être, jusqu'au choix des pompes. Mes métiers rêvés, tout y passait (médecin la semaine et créatrice de mode le week end, travailler aussi peut-être à la Nasa, mais seulement si le temps me le permettait). Je plannifais tout mon être, dans ce qu'il y avait de plus absurde et de plus impossible, mais avec un certain panache et une vérité d'une naiveté confondante. J'étais pas conne, j'étais juste rongée par la vie qui me semblait délivrer un truc qui aurait pu ne pas être trop dégueulasse.

J'ai pris ces feuilles à Paris, et je les garde aujourd'hui précieusement, comme un trésor. Peut-être parce que j'aime vraiment beaucoup la gamine que j'étais, j'aime beaucoup l'image qu'elle renvoyait. Pipelette, gonflée d'espoir et de fun. On dit souvent qu'on a besoin de soigner son enfant intérieur, mais je crois que c'est mon enfant intérieur qui a surtout la mission de soigner l'adulte bordélique que je suis devenue. 

Ca me fait penser à cette chanson de Maisie Peters: i need to stop my excuses and have a real conversation. Je sais pas vraiment à quel moment j'ai décidé qu'il était plus facile de fuir. Pourquoi j'ai pris cette décision. C'est pas tellement une histoire d'instropection (même si ça en prend des airs) mais plus une manière pour moi de récupérer un peu de contrôle sur ce que j'avais laissé échapper. Vous savez, avoir à nouveau prise sur les événements. Ca me rappelle ce que disait un de mes exs: "tu choisis pas, tu choisis jamais, rien, t'attends qu'on te choisisse, t'attends qu'on choisisse pour toi". Dans ces moments, ça me foutait une rogne pas possible. Parce qu'il avait raison et bordel, qu'est-ce que je le détestais quand il me sortait ses discours à la con qui tapaient dans le mille. Pourquoi j'ai fait le choix de ne plus choisir. Pourquoi je me suis mise à fuir. Y avait pourtant cette gamine qui n'avait pas peur de balancer la convo et de s'y présenter. Je comprends pas ce qui a pu se passer, pourquoi je me suis enfermée dans cette trouille irrationnelle. Peut-être parce que mon enfant intérieur mettait la barre toujours plus haute et qu'à un moment, j'ai préféré me terrer dans un trou plutôt que de faire face à moi-même: j'ai été trahie par celle en qui j'avais le plus confiance. Quand on dit qu'on est toujours son pire ennemi.

Peut-être que je devrais commencer à faire une liste de toutes les choses que j'ai raté pour essayer de voir ce qui est réparable. 

Parce que je pense qu'il y a des choses réparable
s. Ca fera pas du tout, mais faut bien se refoutre sur le marché quelque part.

the is the way



Je n'ai rien foutu aujourd'hui. Absolument rien. Je me suis contentée de bouffer et de regarder le plafond. C'est à peine si j'ai bougé de mon canapé. Je crois que c'est parce que je m'apprête à boucler six années de chaos. Je sais pas trop ce qui va se passer après. C'est drôle, mais on s'habitue à ça. A vivre sans arrêt sur les nerfs, sur le fil. Je sais pas si je vais réussir à apprivoiser cette légèreté, ce poids qui s'évapore. Parfois, il faut savoir lâcher, pour le pire comme pour le meilleur. Mais c'est mon problème, je me complais dans le pire, le meilleur m'a toujours faire peur.